Ah ! Le Japon ! Ses temples, ses cerisiers en fleur, ses sushis et ses kimonos ! Qui n’a pas rêvé un jour de partir au pays du soleil levant ? La Japon vous fait rêver ? Pourtant, ce n’est pas le rêve pour tout le monde ! Et ce n’est pas les jeunes japonaises enceintes qui vont diront le contraire. Voici l’envers du décor d’un pays moderne mais qui semble pourtant figé dans le temps.

L’accouchement au Japon

Une hospitalisation bien surveillée

La péridurale

Si notre expérience occidentale nous offre la possibilité de choisir si l’on souhaite avoir une péridurale ou pas lors de l’accouchement, les maternités japonaises n’ont pas du tout la même approche. En effet, il est rare que les japonaises accouchent sous péridurale.

Déjà, les japonais ont une perception bouddhique de la souffrance : les douleurs liées au travail de l’accouchement sont donc perçues comme un test pour préparer la femme au rôle difficile qu’est la maternité. De plus, les japonais utilisent peu de médicaments et ont l’habitude de se soigner par les plantes la plupart du temps. Toutes les maternités n’offrant pas la possibilité d’être soulagée par la pause d’une péridurale, les futures mamans doivent prévenir l’hôpital de leur décision, ce qui implique souvent que l’accouchement doit être déclenché, ce choix ne pouvant s’effectuer au dernier moment.

La place du papa

Quant au papa, il n’est pas aussi présent qu’en France. En effet, seuls les papas ayant assistés à des cours de préparation à l’accouchement peuvent accompagner la future maman. De plus, cela est seulement valable s’il n’y a pas de complication, comme la césarienne par exemple : dans ce cas, le papa n’a plus qu’à patienter dans la salle d’attente !

Durée de l’hospitalisation

Un peu plus longue que chez nous, la durée de l’hospitalisation est de 5 à 10 jours. Au Japon, on prend grand soin de la maman et de son bébé. Pendant ce séjour, la maman apprend à bien allaiter, et elle est aussi formée au bain et aux soins de bébé.

Le retour à la maison

Séjour chez les parents

Après la maternité, la plupart des nouvelles mamans retournent pendant plusieurs semaines chez ses parents où la jeune femme n’a que son bébé à s’occuper. Cela est fait, en général, pour soulager la jeune maman des tâches quotidiennes et ménagères, afin qu’elle se consacre exclusivement aux soins de son bébé.

Le suivi médical

De retour chez elles, il n’est pas rare de voir des infirmières venir gratuitement à domicile pour surveiller la santé des mamans et de leur enfant, afin de repérer et d’éviter, entre autres, le syndrome du baby-blues. Cependant, la grossesse n’étant pas une maladie, le suivi pendant la grossesse reste à la charge de la maman, aucun frais n’étant remboursés. De quoi dissuader les plus démunis !

Au Japon, la grossesse est donc plutôt bien suivie, médicalement parlant. Mais quand est-il du regard de la société sur les femmes enceintes ?

Le Matahara (マタハラ)

Un nom un peu barbare pour une pratique qui semble venir tout droit d’une autre époque. Ce mot valise vient de "Mata", une abréviation de ‘maternal’ et de "Hara" pour ‘harassment’. Le Matahara est donc ce que l’on appelle le harcèlement maternel.

Harcèlement pendant la grossesse

Au Japon, les femmes doivent faire un choix difficile entre leur carrière professionnelle et la maternité. Mais que se passe-t-il quand une femme tombe enceinte au Japon ? Elle subit une pression sociale et professionnelle énorme !

Les femmes enceintes sont harcelées par leurs collègues et leur patron. On les encourage à démissionner, ou pire, à avorter ! Pour celles qui refusent, la sanction est impitoyable. Malgré leur situation, ces femmes enceintes se voient ajouter des heures supplémentaires, une importante charge de travail, ou encore des tâches difficiles comme porter de lourdes charges. En plus de ces brimades physiques, elles subissent du harcèlement psychologique. On les isole, en changeant de place leur bureau, en arrêtant de leur adresser la parole, ou encore en mettant leurs affaires dans un carton au cas où elles n’auraient pas compris le message… Ces pratiques sont responsables de nombreuses démissions et malheureusement, de nombreuses fausses couches !

Des entreprises dans l’illégalité

Au Japon, de trop nombreuses sociétés imposent des calendriers de grossesse, de congés maternité et de mariage, afin de s’assurer que toutes les femmes ne seront pas en congé en même temps. Certaines sociétés, même, interdisent à leurs employées de tomber enceinte avant leurs supérieures hiérarchiques. Si malgré toutes ces règles illégales, une jeune femme décide quand même de tomber enceinte, elle sera renvoyée ou sera obligée de présenter des excuses à son entreprise pour son égoïsme ! Ces pratiques illégales mais trop souvent répendues ne sont pas assez dénoncées et perdurent malgré tout.

Et après l’accouchement ?

Après l’accouchement, la situation ne s’améliore malheureusement pas. 60 % des femmes devenues maman ne reprennent jamais le travail. Pour les autres, les injustices se multiplient : réduction de salaire, rétrogradation du poste occupé, tâches ingrates et sous qualifiées, poste précaire et poste à temps partiel. Pourtant, pas la peine d’espérer de trouver un nouvel emploi, les entreprises emploient rarement des mères de famille de peur de les voir partir plus tôt qu’un homme. En effet, même si elles travaillent, ce sont les femmes qui s’occupent pour la grande majorité de la maison et des enfants. Elles sont donc plus à même d’être absentes si elles doivent s’occuper de leur enfant malade.

Le paradoxe d’une société inégalitaire

Shinzo Abe

Malgré ces pratiques illégales, arriérées et sexistes, le Japon a une réelle envie de relancer la natalité et d’encourager plus de femmes à briller dans cette société à la mentalité d’une autre époque.

Le Japon a été classé 104ème pays dans l’égalité des genres. Le premier ministre Shinzo Abe a donc pour ambition de mettre les femmes plus en avant dans des postes à fortes responsabilités. Il veut relancer la natalité et encourager les femmes à travailler en créant, pour cela, plus de places dans les garderies et les jardins d’enfants, et des subventions pour les entreprises qui encouragent les congés de paternité. Car pour sortir du schéma traditionnel de la famille où la femme s’occupe seule des enfants, les papas vont devoir trouver leur place. Une loi est même passée pour avoir, enfin, la parité homme / femme au Parlement : plus de femmes au parlement signifie plus de femmes qui vont pouvoir faire entendre leur voix !

Sayaka Osakabe

Sayaka Osakabe a reçue n 2015, le prix pour la femme de courage de la part des Etats-Unis. Après 2 fausses couches liées au harcèlement au travail, elle a porté plainte et a obtenu gain de cause puisque son entreprise a été condamnée.

Vers l’avenir

Au Japon, comme partout dans le monde, les mentalités ont du mal à suivre les lois. Les choses bougent doucement, mais elles bougent, et ce grâce au courage d’une petite poignée de personnes.

Les grands changements commencent toujours par de petites actions !